Le Téléphone Grave Danger
Victimes de violences conjugales, ces Varoises ont été sauvées grâce au téléphone « grave danger »
Victimes de violences et sous la menace persistante d’un conjoint, une poignée de Varoises détient un téléphone grave danger. En 2018, à trois reprises, un risque immédiat a été écarté.
Le téléphone ressemble à un smartphone tout à fait classique. Et c’est le but. Il se différencie par une fonction qui ne se remarque pas à l’œil nu.
« Sur le côté, il y a un bouton-poussoir. Si on appuie trois fois d’affilée, cela déclenche un appel auprès d’une plateforme d’assistance. »
Facilement géolocalisé, le téléphone grave danger (TGD) peut être actionné en mode « enregistrement ».
« Ce qui évite à une femme qui serait agressée de devoir parler à haute voix. La scène est enregistrée et entendue par la plateforme. »
À l’Association varoise d’aide aux victimes du Var, l’Aaviv (1), on sait ce que l’on doit à ce dispositif de télésurveillance destiné à une personne en situation de grave danger, victimes de viol ou de violences conjugales.
Cela lui permet de donner l’alerte rapidement. Jour et nuit, en tout lieu, en toutes circonstances.
Analyse des chiffres
Mis en œuvre depuis novembre 2015 dans le Var, le TGD y a été renf orcé fin août 2019, avec désormais une dotation de quinze téléphones pour le ressort judiciaire de Toulon et cinq sur celui de Draguignan.
À ce jour, treize femmes en ont un près d’elle.
Deux téléphones restent en réserve: « La justice veut toujours en avoir sous la main, en cas d’urgence », témoigne Audrey Tassy, coordinatrice pour l’Aaviv, unique association conventionnée sur ce dispositif.
« Sur l’année 2018, alors que dix appareils étaient attribués, le téléphone grave danger a été déclenché trois fois. »
L’association estime que trois vies ont été sauvées.
« Si vous analysez les chiffres, c’est beaucoup. Car cela représente un tiers des femmes qui avaient alors un téléphone. On a échappé à trois féminicides », développe Isabelle Choutet, directrice de l’Aaviv, en poste depuis cet été.
Dans chacune de ces trois situations extrêmes, « l’auteur, un homme, a été incarcéré ».
Un exemple est donné – sans lieu ni date, pour préserver l’anonymat de la victime.
« Le conjoint de cette dame était placé sous contrôle judiciaire, relate Audrey Tassy. Une assistante sociale a signalé à la justice que l’auteur venait tous les jours chez cette femme, alors que cela lui était formellement interdit. »
Prétexte des enfants
Le prétexte, comme souvent, était celui de voir les enfants. Deux petits, d’un an et demi et quatre ans.
« On lui a donné un téléphone grave danger dans la semaine, les faits étaient très inquiétants. »
La femme était en train de se séparer, de prendre ses distances. Une période typiquement critique, pendant laquelle des violences peuvent éclater. Alors qu’elle était en train d’asseoir ses enfants dans la voiture, la femme a été agressée, sauvagement.
L’homme est arrivé sur elle, avec une arme blanche.
« Elle a été tailladée sur une joue et au cou. Elle avait placé le téléphone grave danger sur elle, dans son soutien-gorge. Elle a pu donner l’alerte. »
Les gendarmes sont arrivés très rapidement, ainsi que les pompiers. Pour lui porter secours. Chaque brigade, chaque commissariat, est informé de la présence de ces personnes vulnérables sur leur territoire. « Et c’est pour cela que ça fonctionne bien. »
Hors de question de composer le 17. D’attendre éventuellement plusieurs minutes.
Et de devoir expliquer toute la situation pour être prise au sérieux.
Article de presse Var-Matin à retrouver sur leur site : https://www.varmatin.com/vie-locale/victimes-de-violences-conjugales-ces-varoises-ont-ete-sauvees-grace-au-telephone-grave-danger-418865